Page - 334 - in VULNERABLE - The Law, Policy and Ethics of COVID-19

VULNERABLE334 «  distorsion dans le miroir  » des plus jeunes par rapport à leur propre vieillissement et à leur peur de l’impuissance et de l’inutilité15. La voie semble alors pavée pour celles et ceux résidant en CSLD, dépeints comme des individus avec peu de pouvoir de se dire et d’agir. L’âgisme est donc une réalité sociale indéniable qui s’immisce dans plusieurs facettes de la société, particulièrement celle des soins de santé, et particulièrement à l’égard des plus âgés et des plus vul- nérables. La COVID-19, en frappant de plein fouet les CSLD, a-t-elle surligné des problèmes auxquels sont confrontés depuis longtemps les résidents de ces centres et les personnes y travaillant  ? Plus préci- sément, a-t-elle magnifié des attitudes âgistes, suscitant un question- nement essentiel sur les valeurs qui sous-tendent les choix politiques et sociaux face aux aînés depuis les dernières décennies  ? COVID-19 et centres de soins de longue durée : une loupe braquée sur l’âgisme ? Les conséquences tragiques de la pandémie COVID-19 ont exposé les multiples défis tout autant que les failles du système des CSLD au Canada. Bien que les difficultés fussent connues des autorités, elles semblent avoir été ignorées. En effet, des facteurs tels l’âge avancé des résidents, leur comorbidité et la précarité de la main-d’œuvre qui les appuient sont documentés depuis longtemps dans les rapports offi- ciels sur la santé et le bien-être des personnes habitant ces centres16. L’âge a été l’un des premiers facteurs liés à l’apparition de mala- dies graves et à un nombre élevé de décès pendant la pandémie. Pourtant, nous savons depuis des années que les résidents des CSLD comptent un nombre important de personnes très âgées. L’Ontario Long-Term  Care  Association (OLTA), l’association la plus importante en son genre au pays, confirme dans l’un de ses récents rapports17 que 82 % des résidents (établissements publics et privés combinés) ont plus de 75 ans et que 55 % d’entre eux sont âgés de plus de 85 ans. Ces statistiques, représentatives de la situation canadienne dans son ensemble, démontrent que contrairement à la situation d’il y a 30 ou 15. Higgs  et  Gilleard,  supra note 14. 16. Hugh Armstrong, Tamara J Daly et Jacqueline A Choinière, «  Policies and Practices: The Case of RAI-MDS in Canadian Long-Term Care Homes  » (2016) 50:2 J of Can Studies 348. 17. «  This is Long-Term Care 2019  » (2019), en ligne (pdf)  : Ontario  Long-Term  Care  Association <www.oltca.com/OLTCA/Documents/Reports/TILTC2019web.pdf>.