Page - 336 - in VULNERABLE - The Law, Policy and Ethics of COVID-19

VULNERABLE336 conditions non seulement très difficiles, mais plus propices à la conta- mination des résidents. En effet, les préposés qui prodiguent des soins sur plusieurs étages d’un CSLD ou qui comblent des postes dans plu- sieurs centres contribuent à faciliter la transmission des maladies. Dès le début de la pandémie au Canada, les autorités sanitaires savaient que le virus de la COVID-19 était très contagieux et qu’il pouvait se transmettre via une personne asymptomatique. Ces autorités savaient aussi qu’il y avait une pénurie de personnel infirmier et de préposés aux soins dans les CSLD22. Pourquoi, étant donné ces faits, n’était-il pas possible de prévoir les conséquences de l’absence d’une interven- tion ciblée visant à promouvoir la santé des plus vulnérables  ? Enfin, il s’est avéré très clair, au moment où la pandémie a été déclarée à la mi-mars 2020, que les mesures de protection y compris les masques et les autres équipements de protection individuelle n’étaient pas disponibles en nombres suffisants. Il faut décrier l’ab- sence de planification et de mesures préventives dans les CSLD alors que les autorités savaient que ces lieux étaient très vulnérables à la propagation du virus et que la maladie risquait d’y faire des ravages auprès des résidents. Au final, la crise sanitaire causée par la COVID-19 a permis d’exposer une réalité troublante  : les adultes âgés les plus vulnérables vivent dans des milieux où les préposés sont débordés, mal rémunérés et où leurs compétences spécialisées ne sont ni reconnues, ni valorisées. Les facteurs menant à une telle situation sont complexes. D’emblée, il semble clair que l’absence d’un financement adéquat est l’une des causes du problème. Toutefois, le portrait des enjeux et des problématiques – en particulier les conditions de travail – auxquels les CSLD sont confrontés depuis de nombreuses années suggère que les attitudes sociétales envers le vieillissement, particulièrement envers les personnes les plus âgées et les plus vulnérables, sont peut-être la véritable pierre angulaire du problème. C’est l’hypothèse que nous soutenons  : malgré une évolution démographique prévisible marquée par le vieillissement de la population et l’augmentation du nombre de personnes âgées en perte d’autonomie, s’en sont suivis des choix politiques et sociaux à l’égard des aînés les plus vulnérables qui pour- raient résulter, en partie à tout le moins, d’une culture âgiste. 22. Ontario Health Coalition et Unifor, «  Caring in Crisis: Ontario’s Long-Term Care PSW Shortage  » (2019), en ligne (pdf)  : Unifor <www.unifor.org/sites/default/files/ documents/document/final_psw_report.pdf>.