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Vereintes Europa (en français)#

Von Sergio Giam-Mattei, Aiseau (Belgique), Murau

La Belgique, le pays où je suis né ... L'Italie, mes racines ...

Sergio Giam-Mattei
Sergio Giam-Mattei, Foto: Sergio Giam-Mattei, 2017, unter CC BY 4.0

Oui, je possède deux patries, deux modes de vivre, deux mentalités et le brassage de toutes ces choses font de moi l'homme que je suis aujourd'hui. Il existe plusieurs générations d'enfants issus de l'immigration; je fais partie de ceux que l'on appelle "les italos-belges". Mes parents ont quitté l'Italie après la seconde guerre mondiale (1948) pour venir travailler dans les mines de charbon (contrat de coopération économique entre la Belgique et l'Italie). Ma maman a trouvé du travail chez un notaire où elle effectuait des tâches ménagères ... Mon père a travaillé 22 ans dans la mine, c'était ce que l'on appelle "un mineur de fond", un travail que les ouvriers belges ne voulaient plus effectuer. Je me souviens qu'il me parlait souvent de son pays, de ses parents qui tenaient une petite ferme dans les environs de Pesaro (Tavernelle). La vie y était difficile et rude mais ils pouvaient au moins manger à leur faim ...

Mon père était obligé de se rendre tous les samedis au cours dispensés par le régime fasciste (Mon papa est né en 1929); cela ne l'amusait pas beaucoup d'y aller mais c'était comme cela à l'époque ... Il n'a pas eu la chance d'aller beaucoup à l'école; il a dû la quitter pour "travailler à la ferme et surveiller le peu d'animaux que mon grand-père possédait). Ma maman est arrivée un peu plus tard en Belgique (1957), deux de ses frères travaillaient déjà "à la mine" depuis plusieurs années et l'ont aidée à ne pas se sentir trop dépaysée et triste ....

Quel changement pour mes parents ! Le climat était plus rude qu'en Italie, les gens pas toujours très gentils avec eux ... On les appelait les "Macaroni" ... Les Belges n'oubliaient pas non plus que les Italiens étaient des alliés des Allemands durant la guerre et ne se privaient pas pour leur faire sentir ...

Sergio Giam-Mattei
Bohrturm 1990, Sergio Giam-Mattei, 2017, unter CC BY 4.0

Mon père logeait dans une cantine (genre de petite auberge où étaient regroupés les travailleurs Italiens célibataires); les familles avec des enfants bénéficiaient de barraquements faits de toles et de bois (ces barraquements étaient occupés par les prisonniers Allemands durant la guerre). Mon père se plaignait souvent de la nourriture qu'on lui proposait ... Souvent des pâtes blanches avec un peu de beurre; ils se sont fait exploiter par des personnes sans scrupules. Il ne pouvait se satisfaire de cela et a donc décidé (avec plusieurs camarades) de quitter cette cantine pour être plus libre et manger à sa faim. Un jour, il rencontra ma mère (qui rendait régulièrement visite à son frère) et ils se sont mariés en 1961 ...

L'état Belge a fait construire ce que l'on appelle des "maisons de mineurs", des maisons toutes identiques avec un petit jardin ... C'est dans une de ces maisons que nous sommes nés (mes deux sœurs et moi); nous ne manquions de rien, nous avions peu mais très heureux. Mon père me disait souvent "étudie, va à l'école, je ne veux pas que tu travailles dans une mine de charbon"; c'est ce que j'ai fait. Je n'ai jamais voulu le décevoir, j'ai fait ce que j'ai pu. Bizarrement, je n'ai jamais souffert du racisme ... Dans la cité où j'habitais vivaient des familles de tous les pays et de toutes les origines (espagnols, français, polonais, marocains, turcs, algériens, italiens, allemands ...); nous vivions tous ensemble sans le moindre problème ...

Mon père me parlait souvent de son pays avec beaucoup de nostalgie; il pleurait souvent ... Il a même acheté une maison dans son village natal (Tavernelle di Serrungarina); il l'a restaurée à grands frais et souhaitait y retourner vivre. Toute la famille devait "rentrer" en Italie en 1970 ... Mes deux sœurs et moi étions très jeunes, je ne sais pas ce qui s'est passé mais le projet n'a jamais eu lieu et nous sommes restés en Belgique .... Sans doute mon père a-t-il eu peur que nous ne nous intégrions pas à l'Italie ... Mon père ne m'a jamais expliqué pourquoi il était resté en Belgique.

Je me souviens que la vie pouvait être très joyeuse à la maison, surtout le jour où "on tuait le cochon" ... Des dizaines d'amis Italiens de mon papa venaient à la maison .. Pendant que le boucher coupait la viande, taillait les côtes de porc , que ma mère faisait les fameuse "salcicce" (saucisses) ... Tous chantaient et riaient autour d'un verre de vin ... Ma maman (qui est originaire de Venise) adorait la musique italienne et surtout les chants alpins ... Oui, c'est vrai que je me sens un peu différent des autres ... Et chaque jour qui passe me fait penser à mes parents décédés aujourd'hui.

Sergio Giam-Mattei
Venice, Sergio Giam-Mattei, 2017, unter CC BY 4.0
Sergio Giam-Mattei
Bohrturm 1990, Sergio Giam-Mattei, 2017, unter CC BY 4.0
Sergio Giam-Mattei
Bohrturm 1990, Sergio Giam-Mattei, 2017, unter CC BY 4.0
Sergio Giam-Mattei
Bohrturm 1990, Sergio Giam-Mattei, 2017, unter CC BY 4.0